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La Fabrik Architecture est une toute nouvelle firme d’architecture et d’urbanisme installée en Haiti et mise en place depuis mai 2015 par un couple d’architectes Sarah Jane Rameau et Hugo Devillers.

OPENING HOURS:
MON - FRI: 9 AM - 5 PM
 

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Ae: Quel est votre parcours?

Sarah Jane Rameau : Née à Port-au-Prince. Études Académiques à l’Institution du Sacré-Coeur, Diplômée d’un DEC (Diplôme d’Études Collégial) en Arts Plastiques et Mathématiques au Collège Montmorency de Laval au Québec, Baccalauréat (Licence) SC. en Design Architectural à la Faculté d’Aménagement de l’Université de Montréal et Diplômée d’État d’Architecte (Masters) à l’École Nationale d’Architecture et de Paysage de Bordeaux en France avec mention.

Hugo Devillers : Né à Bordeaux. Études Académiques au Lycée François Mauriac, Obtention du Bac ES, Diplôme de Licence et Diplôme d’État d’Architecte (Masters) à l’Ecole Nationale d’Architecture et de Paysage de Bordeaux en France avec mention. Recherche obtenue pour le mémoire intitulé : “Vers une architecture créole: Le Cas Martiniquais” 

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Baton Rouge – Étude de l’aménagement du lounge “Baton Rouge”

Ae: Il y a t-il une expérience spécifique qui vous a mené vers l’architecture?

Sarah Jane : Ayant grandie dans une famille très habile de ses dix doigts, très tôt, j’ai été plongée dans l’univers des arts : Ma mère et ma tante, avec leurs dessins et patrons de couture et de broderie, mon oncle, ingénieur-architecte, avec ses plans dessinés à la main et mon père, mélomane. Je me suis mise à dessiner et à peindre très tôt guidée par le peintre Dominique Domerçant. J’ai grandie avec une sensibilité du détail et un souci du beau. J’avais toujours su que je voulais orienter mon choix de carrière vers les arts, mais plus tard, il s’est défini par l’architecture, tout simplement par l’intérêt pour l’amélioration de la crise sociale, économique et politique dans laquelle sévit Haiti depuis 200 ans. L’architecture, bien plus qu’une passion est devenue pour moi un devoir de citoyen, une manière, pour moi, de contribuer au renouveau et au développement d’une nouvelle société reconnaissante de son identité grâce aux connaissances acquises un peu partout dans le monde.

Hugo : J’ai souhaité faire de l’architecture d’abord, je pense, grâce à mes convictions politico-sociales. Il me semblait évident que la majorité de la population mondiale n’avait pas accès à l’Architecture. Le 20ème siècle et l’architecture moderne ont eu cette vocation, malheureusement en suivant les enseignements du mouvement moderne avec comme figure de proue Le Corbusier, les humains ont été considérés comme des statistiques dans des « machines à habiter ». Je ne connaissais pourtant rien quand je suis rentré dans mes études d’architecture. Là avec l’appui de nombreuses personnes, tant enseignant qu’élève j’ai compris que c’est ce chemin là que je voudrais emprunter.

Ae: Qu’est-ce qui vous a motivé(es) à vouloir fonder votre propre firme?

Sarah Jane et Hugo : Avec l’expérience acquise à travers quelques pays du monde  en ayant travaillé dans différentes firmes, nous avons beaucoup mûri et avons beaucoup appris, sans dire “assez”, parce qu’on apprend constamment.

Je pense que c’était le momentum. Nos études de masters terminées en même temps et en plus d’avoir formé une équipe de cœur, il était inimaginable pour nous, de continuer séparément. Avec des expériences de stage communes, nous avions appris à travailler ensemble et nous nous comprenons mutuellement. Nous avons décidé de partir à l’aventure avec La Fabrik en tant que jeunes entrepreneurs.  Avec notre regard neuf, avec tous nos bagages et nos expériences, avec notre vision, notre support mutuel et notre courage, nous pouvons dire que nous sommes bien armés et équipés pour développer cette firme ensemble. C’est le début d’une belle et grande aventure.

Ae: Quelle est votre vision de l’architecture et/ou du design, et/ou de l’art en Haïti? 

Sarah Jane et Hugo : Dans un monde aujourd’hui où la communication internationale est plus que possible, où les frontières sont quasi-inexistantes grâce à la technologie, Haiti est l’endroit idéal pour faire de l’architecture et pour explorer une nouvelle architecture. Elle a un énorme savoir inexploré par ses habitants ce qui fait d’elle, une grande toile blanche déchirée sur laquelle il faudrait précautionneusement, non pas retisser, mais recoller chaque fils déchirés entre eux pour créer une liaison avec son passé. Notre vision pour Haiti, est l’ouverture de celle-ci au monde contemporain tout en gardant son essence qui la rend unique en revisitant son art vernaculaire, et en remettant en questions les méthodes oubliées du passé.

Ae: Quel serait votre projet de rêve?

Sarah Jane : Bien que je suis une passionnée du logement de tout genre, ce devrait être idéalement un projet dont la conception (et surtout le client) exigerait et permettrait l’usage de ma créativité et de mon imaginaire à son optimum, un musée, une école d’art ou encore un centre de spectacles.

Hugo : Pourquoi pas une station sur Mars…. Le chantier serait extraordinaire car il offrirait chaque jour de nouveau problèmes qu’il faudrait résoudre avec des connaissances limitées. Ce serait un beau challenge !

Ae: Quelle autre forme d’art (différente de celle que vous pratiquez) qui vous interpelle ou influence grandement votre travail ?

Sarah Jane : La musique, bien que j’aie cru qu’elle serait un obstacle à mon métier, à ma grande surprise, m’inspire beaucoup. Je compose et fais des concerts dans mes temps libres, et la musique me permet de créer de l’espace. Pour bien comprendre le principe, il y a beaucoup de liens communs entre ces deux corps disciplinaires : les pauses, les rythmes, les temps, les tonalités (aiguës et graves) … Toutes ces particularités, qui sont des éléments communs aux deux disciplines me permettent de varier mes créations tant au niveau musical qu’au niveau architectural.

Hugo : J’ai longtemps pratiqué le Street Art seul ou avec des amis. Cela m’a appris la valeur d’un lieu et à lui donner ou redonner du sens. En effet, le contexte dans le street art est pour ma part essentiel. Je ne réalise jamais quelques choses sans connaître mon mur, « ma toile » à l’avance. J’aime m’inscrire dans un lieu, un paysage, une histoire, quitte à la réinventer.

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La Canopée – Étude du Marché de la Vallée de Jacmel

Ae: Pouvez-vous citer des figures ayant eu une influence sur votre travail?

Sarah Jane : Tout au long de mes études, Gaudi et Mies Van der Rohe avaient été mes héros, les deux diamétralement opposés par leur styles. Ce qui m’a attiré :  Le chic minimalisme de Van der Rohe et l’expression libre et colorée chez Gaudi.Ensuite j’ai développé un grand amour pour Alvaro Siza qui m’a beaucoup impressionné par sa simplicité quoique complexe dans ses formes et son beau béton immaculé.

De retour en Haiti, tout ce qui est bâti m’interpelle… J’ai redécouvert la maison où j’avais vécu toute mon enfance conçue par Pierre-Richard Villedrouin et ai découvert d’autres œuvres, issues de son coup de crayon de génie. L’usage ingénieux du béton chez lui est prouvé sous tous les angles. Il a amené la modernité en Haiti avec beaucoup de doigté en la dénuant de clichés sans pour autant ôter une once de son identité architecturale haïtienne. J’aimerais en faire autant, présenter Haiti de manière contemporaine.

Hugo : Il y en a tellement… Je citerai seulement deux qui m’accompagnent spirituellement dans mes projets. Ferand Pouillon et Francis Kéré. En y réfléchissant ils se ressemblent malgré le fait qu’ils ne se soient peut être jamais rencontrés. Je les respecte pour leurs audaces, le fait qu’ils ne soient jamais courbés ou même jamais laissés intimidés par quiconque. Ces deux hommes se sont battus pour plus de justice, plus d’égalité sociale, ils ont travaillés avant tout pour l’Autre, et c’est en cela que je les admire considérablement.

?Ae:Pouvez-vous citer des personnalités du milieu créatif haïtien qui gagne à être connues?

Sarah Jane et Hugo : Sans vouloir écrire une liste exhaustive, il y a beaucoup d’artistes en Haiti, toutes classes sociales confondues, qui mériteraient d’être connus. Je pense qu’à travers différents médiums, chaque individu a quelque chose à apporter, à montrer, à revendiquer, à suggérer sur une société malade et déchirée, sur un pays maltraité et sur un espoir à faire poindre… Ces points sont importants pour moi quand j’observe certaines oeuvres d’art et me touchent beaucoup…. Ceux qui me viennent en tête :Nathalie Jolivert, grâce à ses dessins dont la forme lui est identitaire, peint magnifiquement bien les scènes de genre de la société en ramenant certains dictons locaux qu’elle parfois retraduit. Je trouve exceptionnel, le travail de Séadé (Clovis-Alexandre Desvarieux) qui montre, selon moi en tout cas, un malaise intrinsèque en chacun de nous, les haitiens, un combat psychologique entre l’affirmation de soi, sans préjugé et de ce que la société veut que nous transparaissons, ce masque qui gangrène notre pays….Je pense également au peintre Arcelin par son travail proche de Jean-Michel Basquiat, Josué Azor et ses photographies aux missions sociales… Et j’ai une pensée particulière pour nos nombreux artisans locaux qui, s’il y avait un meilleur encadrement, pourraient également porter l’art haïtien à son apogée…

La Fabrik, 115 rue Panaméricaine, Complexe Oasis, Pétion-Ville, Haiti

Pour consulter la page Facebook de la Fabrik…

 

La Fabrik accueillera dans ses locaux la première édition de Panorama, l’exposition d’art et de design émergent le 2é9 décembre 2015. Pour voir la page Facebook de l’événement…

Ref: aet / pik - http://aetypik.net/2015/12/20/lafabrik/

Email lafabrik.archi@gmail.com
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